Burn-out parental, le TROP plus jamais…
Ces dernières années, j’ai repéré de plus en plus de femmes épuisées par leur quotidien. « Trop c’est trop » et pourtant difficile d’arrêter cette machine infernale. Ces petits « rien » qui remplissent nos journées sont pourtant parfois indispensables : consoler l’enfant qui se réveille, préparer le repas tout en luttant contre les kilos, ravitailler le frigo, aller chercher les enfants à l’école. Chacune pourrait établir sa petite liste de ces petits « rien » qui pourtant font un « Trop ». Ces petites tâches répétitives qui demandent tant d’effort et sont pourtant définies par la société comme naturelles. A force de tirer sur la corde, elle finit par lâcher.
Fatigue physique, fatigue psychique, un cercle infernal s’installe auquel s’ajoute souvent la culpabilité de ne pas faire assez bien, et souvent accentué par des nuits courtes ou perturbées, voire une incompréhension du conjoint et/ou de l’environnement familial. « Être maman » c’est pas si facile alors, quand la maladie s’invite, cela intensifie tout ce que nous venons d’évoquer. Les pleurs incessants, l’impuissance face à la douleur de notre enfant, ses difficultés à s’alimenter, les rdv médicaux incessants, inquiétude qui augmente, sentiment de solitude….
Comment répondre à toutes ces tâches indispensables, imprévisibles, répétitives et sans saveur, sans ressentir ce Trop et ce stress permanent et qui parfois engage (un enfant qui joue avec des allumettes se met en danger par exemple).
Comment répondre ?
Il n’y a pas une seule réponse à mon avis, mais Pascal Ide (docteur en médecine, philosophie et théologie) propose de voir le burn out (brûler ses réserves) comme la maladie du don. Pour donner continuellement, il faut recevoir régulièrement. Cela demande plusieurs mouvements intérieurs.
Premièrement, reconnaître nos fatigues, nos usures, nos désespérances, la monotonie de ces tâches parfois ingrates.
Puis, se connecter à nos émotions : qu’est-ce je ressens quand je viens de nettoyer la maison et que les enfants dans une course poursuite infernale et bruyante rentrent les bottes toutes crottées. J’aime cette phrase « faire le ménage avec des enfants c’est un comme se brosser les dents avec du Nutella ».
Qu’est-ce que je ressens quand je m’égosille pour que la petite tribu vienne à table et que la première phrase est « c’est pas bon ».
Une première étape sera d’accueillir ce sentiment, cette émotion avec bienveillance.
N’oublions pas que notre meilleur allié c’est nous même.
Nous sommes responsables de notre bonheur.
Accueillir nos émotions, c’est apprendre à se respecter.
Toute émotion peut devenir motrice.
Il faut ensuite se demander « de quoi aurai-je besoin ? ». Qu’est-ce que j’aurais aimé. S’autoriser à être le premier servi, c’est prévenir l’épuisement. Se congratuler, se féliciter, être fière des tâches accomplies c’est une façon de remplir son réservoir d’amour pour mieux ensuite. Ne négligeons pas l’importance de notre conjoint quand nous sommes en couple : partager avec lui ses besoins, c’est aussi la possibilité de recevoir une aide précieuse, en particulier face à la maladie. Dans la détresse ce front commun est indispensable pour permettre à chacun de trouver un relais et de briser la solitude face à l’impuissance vis-à-vis de la douleur vécue par l’enfant.
L’aide extérieure d’un professionnel, comme un conseiller conjugal et familial, peut permettre de poser des mots sur ce qui est ressenti, de réaliser comment ces évènements sont vécus par l’autre, de traverser la crise, et prendre du recul par rapport à la situation. Ne restons jamais seule face à l’épuisement !
N’oubliez pas que votre conjoint vit ce quotidien par procuration et qu’il ne perçoit votre vécu que par ce que vous lui en direz : la communication dans le couple devient vitale. Son éloignement de votre quotidien ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas lui-même inquiet et seul face à la maladie de votre enfant.
Par ailleurs, se délivrer des différentes injonctions sociétales permet de gagner en liberté.
La première injonction est le « sois parfaite » qui plane dans l’ambiance générale.
Il suffit de regarder les magazines féminins qui égrainent la litanie des perfections : sois belle, cuisine bien, sois fine, ne cries pas sur tes enfants, séduis ton conjoint… j’en passe et des meilleures. Et non, nous serons » suffisamment » mais pas « trop » car passer notre unité de vie, notre épanouissement, en premier aura forcément un rayonnement positif. Par exemple, vous proposez une sortie à vos enfants au parc voisin ou trône un superbe toboggan et, arrivée avant le départ, vous ressentez une grande fatigue.
Deux options :
- Vous partez au par cet tout cela finit en pugilat car le petit a perdu ses chaussures dans le bac à sable, que la nuit tombe pendant que vous cherchez, que le petit geint, que les aînés se disputent et que le moyen s’est carapaté. L’angoisse de le perdre monte, l’énervement augmente, la tension monte, vous êtes épuisée et la faim se fait sentir. Vous finissez par vous débattre de ce gouffre soit en criant soit en pleurant.
- On reprend la même histoire : vous repérez votre fatigue, vous la nommez et l’accueillez, vous identifiez votre besoin et proposez de reporter cette excursion. Vous partagez le reste de l’après-midi par un petit temps de ressourcement puis un temps avec vos loulous. J’ai retenu une phrase : avoir du courage, c’est se respecter assez pour savoir dire non plutôt que de céder aux demandes qui ne nous conviennent pas. Un peu d’humilité, nous ne sommes pas tout puissant. Se simplifier la vie, c’est peut être retrouver la joie d’être une mère et retrouver un peu d’émerveillement de ces tous petits rien. Ne laissons pas la lassitude s’installer.
Une question à garder à l’esprit: Qu’est ce qui me ressource ?
- Une injonction: Je me l’autorise
- Une devise: « Je fais de mon mieux et c’est tout »
- Un slogan : le TROP plus jamais
Bérengère de Charentenay
Conseillère Conjugale et Familiale
Cabinet Raphaël
Tel : 06 20 37 16 35 – www.cabinetraphael.fr
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
- Libby Purves – Comment ne pas être une mère parfaite – Odile Jacob Paris 1986
- Lyliane Nemet-Pier – mon enfant me dévore – Albin Michel Paris 2003
- Violaine Guéritault – La fatigue émotionnelle et physique des mères – Odile Jacob 2008
- Pascal Ide – Le burn out une maladie du don – édition Quasar 2015
- Stéphanie Allenou – Mère épuisée – édition marabout 2012
- Fabrice Midal – Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre, – éd. Flammarion/Versilio 2017
- Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, – Du Burn-out parental. L’éviter et s’en sortir, – éd. Odile Jacob. 2017
Autres
- Burn out maternel, elles brisent le tabou émission du 26/01/2016
- https://fabuleusesaufoyer.com/ Hélène Bonhomme
- Association Les pâtes au beurre lespatesaubeurre.fr. Lieux Paris XV 57 rue Abbé Groult mardi de 9H à 11H
- Film de Jon Lucas et Scott Moore, sortit en 2016. Bad Moms (Mères indignes)
Accompagnement conseil conjugal et familial Cabinet Raphaël. www.cabinetraphael.fr
Tellement vrai !